Jau-Dignac-et-Loirac : Site archéologique de “La Chapelle Saint Siméon”

Association communale Loi de 1901
Inauguration du 17 juin 2016
Inventaire du patrimoine d’Aquitain


Site Corpus architecturae religiosae europeae (IV-X saec.) : Le site CARE

Diocèse actuel

Diocèse de Bordeaux

Titulature historique

Le quartier porte le toponyme de « La Chapelle », vocable moderne de Saint-Siméon.

Sources indirectes

Aucune source écrite médiévale n’évoque la chapelle. Sa première mention remonte à l’année 1609, date à laquelle la chapellenie de Saint-Simon est confiée à la congrégation des feuillants de Bordeaux (ADG, G 734, pièce n°5). La chapelle constitue alors le seul sanctuaire de l’îlot, les autres ayant leur propre église paroissiale. Les églises de Saint-Pierre de Jau, Saint-Pierre de Dignac et Saint-Romain de Loirac, sont mentionnées à partir de 1378 (ADG, G 236, fol 342). Le procès verbal de fermeture de la chapelle, en 1787, rappelle que trois messes étaient prononcées annuellement à savoir « la première, le jour de Saint Siméon, sous l’invocation duquel est ladite chapelle, la seconde le jour de l’Ascension et la troisième le jour de la saint Aubin ». Une première étude du vocable de Saint-Syméon a montré qu’il y avait une hésitation entre l’identification avec Simon apôtre (célébré le 28 octobre), Siméon stylite l’Ancien (5 janvier) ou Siméon le jeune (24 mai), tous deux saints orientaux. Le vocable de Siméon apparaît à plusieurs reprises comme dédicace d’églises le long de l’estuaire et en particulier autour de l’académie de Bordeaux.

Sources d’archives

Sources archéologiques

Le site de « La Chapelle » se trouve sur la commune actuelle de Jau-Dignac et Loirac, sur la rive gauche de l’estuaire de la Gironde, en bas Médoc, à environ 950 m des berges de la Gironde. Il a été découvert lors de travaux agricoles (parcelle n°1712) et a fait l’objet d’une opération préventive dirigée par C. Scuiller (Inrap), en août 2000 qui a consisté en une série de sondages et de tranchées, effectuée dans les parcelles n° 1712, 1713 et 1714, soit sur une surface de 6840 m2 environ. En 2001, nous avons dégagé mécaniquement une surface d’environ 300 m2 correspondant à l’emprise de la chapelle dont le négatif des murs gouttereaux a été mis au jour (zone 1). Cinq campagnes de fouilles programmées d’une durée d’un mois y ont été menées depuis dans le cadre d’un « chantier école » pour des étudiants en archéologie et en anthropologie (Université de Bordeaux). En 2003, les parcelles n° 1713 et 1714 ont été explorées ; l’essentiel des vestiges se concentre sur la parcelle n°1712 (environ 500 m2) qui aura été entièrement explorée. La situation insulaire du site a contribué au fait que l’occupation humaine s’est concentrée sur un périmètre restreint, sur un point élevé de l’îlot qui n’a pas subi de sédimentation considérable. La sédimentation n’est pas très importante puisque l’épaisseur des sédiments atteint un maximum de 1 mètre. Les labours récents, peut-être depuis le XIXe siècle, ont largement contribué à faire disparaître les niveaux les plus récents des périodes médiévales et modernes.

Sources Bibliographie

La nécropole mérovingienne “la chapelle” - Mémoire on line : Détermination de liens de parenté par approche paléogénétique par Diane Thibon

Environnement du site

Le site archéologique de « La Chapelle » se situe sur la commune de Jau-Dignac et Loirac, sur la rive gauche de l’estuaire de la Gironde et à environ 950 m des berges du fleuve (fig. 1). La rive gauche de l’estuaire se caractérise par une alternance de terrasses argilograveleuses sur lesquelles sont implantés des vignobles et de vastes zones marécageuses comblés par des sédiments détritiques apportés par l’estuaire. Le site archéologique apparait sur un ancien îlot de l’estuaire : le « hameau de Goulée » (fig.2). Les vestiges mis au jour attestent d’une occupation du site depuis l’antiquité, ce qui témoigne d’une mise hors de l’eau de cette partie de l’îlot depuis cette période. Certains documents historiques attestent que dans les années 1630, avant l’assèchement des marais, le rivage de l’estuaire devait être très proche du site archéologique.


Figure 2 : Localisation de Jau-Dignac en Figure 1 : Localisation et environnement du site

Gironde (in Cartron et Castex 2009). de Jau-Dignac (in Cartron et Castex 2006).

Ce site archéologique a été découvert en 2000 à la suite de travaux agricoles. Durant l’été 2000, une opération de sauvetage permettant d’estimer le potentiel archéologique du terrain a été menée par une équipe de l’INRAP sous la responsabilité de C. Scuiller. Cette intervention, comprenant une série de sondages et tranchées, s’est réalisée sur une superficie de 6840 m2 environ. Un décapage de surface, mené aux alentours d’un sarcophage mis au jour à la

découverte du site, a permis de reconnaître l’emprise d’un bâtiment funéraire. Par la suite, d’autres tranchées ont été ouvertes dans plusieurs directions afin de mesurer l’étendue du site. Deux zones sur le site ont ainsi pu être caractérisées :

La zone 1, située sur une butte, compose la majeure partie du site, c’est l’endroit où la grande majorité des vestiges a été retrouvée (fig.3). Cette zone semble avoir été occupée de manière assez importante depuis le Ier siècle après J.-C et l’on peut y observer 4 grandes phases d’occupation attestées, allant de l’Antiquité jusqu’à nos jours.


Figure 3 : Vue aérienne de la zone 1 du site archéologique (in Cartron et Castex2009).

La zone 2, située au sud de la première, semble être plus instable et n’a livré que peu de vestiges, essentiellement quelques tombes laissant penser à un ensemble funéraire secondaire. Contrairement à la zone 1, plusieurs indices archéologiques suggèrent que cette zone fut régulièrement inondée. La zone 2 et le site semblent se limiter au sud par la présence d’un fossé d’une cinquantaine de mètre de long qui devait être un drain ou bien pouvait accueillir une palissade. Au delà, de cette limite sud, la terre semble stérile.

En 2001, une campagne de fouille dirigée par I. Cartron et D. Castex a permis de mettre au jour une surface de 300m2 correspondant à l’emprise d’une chapelle (Zone 1). La fouille de ce site, prolongée de 2003 à 2005 sous forme de d’opération programmée triennale et de 2007 à 2009, fait l’objet d’un chantier école, permettant ainsi à de nombreux étudiants de venir chaque année acquérir des techniques de fouilles propres à l’archéologie et à l’anthropologie.

La problématique de se site s’insère dans un contexte de compréhension de genèse des espaces funéraires et des lieux de cultes pour l’Antiquité tardive et le Haut Moyen-Age. La

fouille relève de méthodes propres au domaine de l’archéothanatologie, discipline dont l’objectif est de reconstituer les modes de dépôts des défunts et les pratiques funéraires qui en découlent. Il s’agit donc d’une fouille fine avec des prélèvements et des enregistrements précis des ossements et du mobilier (Duday 2005). Ce site possède l’avantage d’avoir été occupé sur une très longue durée (de l’Antiquité à l’époque moderne), ce qui permet donc de pouvoir être attentif aux questions de transition, de changement de fonction du site (habitat, lieu de culte, espace funéraire, passage d’un espace privé à public ou l’inverse) en même temps qu’à sa chronologie (continuité d’occupations, ruptures) (Cartron et Castex 2007). La compréhension de l’environnement naturel et de son évolution au cours du temps revêt également une grande importance dans l’étude de ce site puisqu’il permettra de comprendre assurément la longue occupation d’un ilot des rives de l’estuaire. L’estuaire est depuis très longtemps une voie fluviatile de pénétration et d’échanges primordiaux en Aquitaine, ce qui pourrait donc être une piste pour expliquer cette très longue occupation.

Affiche A5



© 2016 Association communale du site de La Chapelle